La galerie “Le Saint-Michel” a son enseigne

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Le Saint-Michel a désormais son enseigne (Photo ville du Crotoy)

 

C’est la nouveauté de la semaine, l’enseigne du nouveau hall d’exposition de la rue principale du Crotoy est  posée. Une réalisation signée de nos agents du chantier communal et de l’un de nos tout aussi doué que très discret créatif crotellois.

 

De quoi baptiser officiellement cette galerie d’exposition située au 29 rue de la Porte du Pont, et qui accueille des artistes, artisans d’art et créatifs de tous crins depuis bientôt trois mois, date de l’autorisation d’ouverture des lieux publics.

Bienvenue au “Saint-Michel”

Selon une décision du conseil municipal, cet espace est désormais estampillé “Le Saint-Michel”.

Une dénomination toute maritime qui fait en premier lieu référence aux navires crotellois, sur lesquels naviguait Jules Verne, lorsqu’il résidait au Crotoy entre 1865 et 1870 – où il fut d’ailleurs très brièvement conseiller municipal – et même après lorsqu’il emménagea à Amiens.

 

L’auteur était alors à l’oeuvre de son fameux et universel “20 000 lieues sous les mers” qui dès 1870, allait s’écouler jusqu’à nos jours à plus de 60 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, et dans ses pages des “petits morceaux” de Crotoy et de baie de Somme savamment distillés…

Et puis, “Le Saint-Michel” fait aussi écho au “Local à chaluts” – ancien lieu marin s’il en est – l’autre espace d’exposition communal ouvert depuis une quinzaine d’années, dont il est mitoyen (et même extension selon la configuration des expositions).

 

La ville a depuis longtemps déjà rendu hommage à l’un de ses plus illustres résidents, en lui attribuant le nom de la rue où siège l’ancienne demeure de Jules Verne, la villa “la Solitude” située au n°9.

 

Aujourd’hui, c’est le nom des bateaux qui l’ont “véhiculé” et qui lui ont inspiré ses ouvrages, qui est mis à l’honneur sur le fronton de cette salle communale qui, à n’ne point douter, sera aussi source d’inspiration artistique…

 

 

La dynastie des Saint-Michel

Pour rappel, le premier bateau crotellois sur lequel Jules Verne embarque au Crotoy se nomme le Saint-Michel I. Un nom qui fait tout à la fois référence au prénom du fils de Jules et Honorine Verne, Michel, et à l’imagerie toujours très onirique et fantastique de l’archange du même nom.

 

L’auteur devient alors très certainement le premier plaisancier de l’histoire crotelloise, puisque jusqu’à présent on n’embarquait sur un bateau uniquement pour se voyager d’un point A à un point B, pour livrer bataille ou pour pêcher, mais jamais pour la “villégiature”.

 

Ce sont les amis et marins crotellois de Jules Verne : Alexandre Delong (1831-1900), et Honoré Alfred Bulot (1834-1932) qui forme l’équipage parfois pour faire cap jusqu’à Douvres, Londres ou Ostende. Ils entreprennent même une remontée de la Seine du Havre à Paris.

Le Saint-Michel I sur lequel croise Jules Verne et son équipage est un bateau de pêche bourcet-malet, d’environ 9 mètres de long « …il jauge 5 tonneaux et demi en douane et au moins 12 en réalité… ».

Il est modifié sur le chantier Asselin, la cale à poisson est alors aménagé d’une petite cabine d’environ 3 mètres de long sur 1,70 mètre de large, comprenant deux couchettes et un caisson de rangement pour les cartes et les livres.

Jules Verne en devient propriétaire officiellement le . Le .

“Que j’ai trouvé de bonnes choses en mer, en naviguant sur le Saint-Michel !”

Jules Verne n’est pas un grand globe trotter, mais ces périples en mer lui seront une inépuisable source d’inspiration.

D’ailleurs lors de sa rédaction de “20 000 lieues sous les mers”, il confira à son éditeur Hetzel : « …Ah ! mon cher ami, quel livre si je l’ai réussi ! Que j’ai trouvé de bonnes choses en mer, en naviguant sur le Saint-Michel ! Le plus difficile, c’est de rendre tout cela si vraisemblable, que tout le monde soit tenté d’y aller ! Enfin, nous verrons…. » (Le Crotoy, ).

 

Ou encore : « … Oui ! Je vous écris de Londres, où je serai dans quelques heures. J’avais fourré dans ma tête que le Saint-Michel irait à Londres, et, il y est à peu près. Je suis mouillé devant Gravesend, au moment où je vous écris, et finis là le premier volume de Vingt mille lieues sous les mers, tout comme si j’étais dans mon cabinet de la rue de Sèvres ! Est-ce assez beau, et quel aliment pour l’imagination ! …. » (Londres, ).

Il se sépare du Saint-Michel I en 1876, et se fait construire sur les conseil de son ami crotellois et marin Paul Bos le Saint-Michel II la même année.

Le Saint-Michel II, “l’hirondelle de la Manche”

Il s’agira d’un cotre (de l’anglais cutter), un voilier à un mât de type « hirondelle de la Manche », conçu sur les plans de l’architecte Abel Le Marchand. Après trois mois de chantier le navire est mis à l’eau le 25 avril 1876, au Crotoy. 

 

Jules Verne croisera en Manche et en Atlantique pendant dix-huit mois, puis l’écrivain s’installe à Nantes, où il va acquérir le Saint-Michel III, à l’été 1877.

Le Saint-Michel II deviendra tour à tour bateau pilote de Saint-Nazaire jusqu’en 1892, puis de nouveau voilier de plaisance sur Saint-Malo, puis à Belle-Île-en-Mer, sous le nom de Cattleya, avant de devenir la propriété de  l’administration pénitentiaire le bateau servant à alors la formation des colons pour les manœuvres à la voile et également à la liaison entre l’ile et le continent.

 

L’administration pénitentiaire demandera la destruction du bateau en 1913.

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